Le Troisième Homme (The Third Man), de Carol Reed — Angleterre 1949 — genre : Résurrection. ✮✮✮✮✮
Pendant longtemps, j’ai cru que « Le troisième homme » était un film réalisé par Orson Welles et non Carol Reed pourtant mentionné en grosses lettres dans le générique du début. Après avoir dernièrement revu le film sur Arte, je me demande encore comment j’ai pu manquer cette information. Quoi qu’il en soit, à la suite de mon premier visionnage, je me souviens m’être dit : « Orson Welles est vraiment un réalisateur exceptionnel ». Dans la réalisation, cela ressemble au film « Le Procès » ainsi qu’à « Mr. Arkadin », c’est ce que je pensais et sans avoir cherché à en apprendre plus, je suis resté dans l’erreur un certain temps… D’ailleurs, je découvris ensuite par la même occasion qu’Orson Welles lui-même avait laissé planer le doute sur son véritable rôle dans ce film, pour finalement finir par avouer que le seul maître à bord lors du tournage n’était autre que Carol Reed. Sacré Orson Welles !
Holly Martins, écrivain raté de romans d’aventures, débarque dans le Vienne en ruine d’après-guerre (divisé en quatre zones d’occupation militaire) après que son ami Harry Lime l’ait invité. Un travail bien rémunéré devait l’y attendre. Cependant, Holly Martins, une fois sur place, apprend de la bouche du concierge la mort accidentelle de son ami (reversé par une voiture), tout juste emmené, lui dit ce dernier, pour être mis sous terre. À l’enterrement, Holly Martins est abordé par le major Calloway qui s’empresse de lui décrire son ami, en un vulgaire trafiquant et un assassin. Abasourdi et n’arrivant pas à croire à la culpabilité de son camarade, Holly Martins décide d’enquêter sur le passé du défunt. Petit à petit, Holly Martins ira de découverte en découverte et d’étonnement en étonnement jusqu’à finir par apprendre l’existence d’un troisième homme.
Comme tout film noir qui se respecte, « Le troisième homme » raconte l’histoire d’une enquête, mais aussi celle d’un amour impossible et d’une amitié trahie… Carol Reed, pour ce film, fait preuve d’inventivité stylistique avec le cadrage oblique, qui aura marqué à tout jamais cette œuvre cinématographique. On retrouvera ensuite cette prise de vue dans bon nombre de films réalisés cette fois-ci par Orson Welles, mais aussi d’une certaine manière chez Elia Kazan. Les gros plans, les prises de vue par le haut ainsi que par le bas, les jeux d’ombres, etc. sont des emprunts faits au cinéma italien, allemand et russe. Carol Reed aura réalisé ici une œuvre atypique, d’un point de vue stylistique, à la fois innovante et influencée par le cinéma européen. Le noir et blanc, si bien utilisé par le réalisateur, fait partie intégrante du film. L’interprétation d’Orson Welles en salopard séducteur est époustouflante. Le spectateur que je suis est tombé sous le charme d’Harry Lime malgré ses lourdes fautes et crimes. Aussi, « Le troisième homme » regorge de scènes cultes, comme la course-poursuite dans les égouts viennois qui se transforment en véritables labyrinthes. Cela me fait penser à la scène finale de « La dame de Shanghai ». Le plan-séquence de fin auquel on ne s’attend pas, mais que l’on espère ou inversement est une autre scène culte… « Le troisième homme » fait aussi référence à « M le maudit » ou bien à « Allemagne, année zéro », et comme je l’aie dit plus haut à « La dame de Shanghai » et probablement à d’autres films que je n’ai pas vus. N’oublions pas non plus la musique du film et cet air incessant de cithare qui nous entraîne dans l’histoire. Ce morceau composé et joué par Anton Karas restera célèbre à tout jamais.
Si vous n’avez pas vu ce film qui remporta le grand prix du Festival de Cannes 1949, un Blu-Ray dont le test a été effectué il y a peu de temps est disponible ici alors qu’un excellent dossier concernant Orson Welles est présent ici.
Voilà un article qui m’invite clairement à parfaire mes horizons cinématographiques…
(Et sans lien direct, si ce n’est que le titre m’a renvoyée à une belle lecture, lire -si ce n’est pas déjà fait- Le Premier homme de Camus.)
Ravie de découvrir ce blog…
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Merci. Oui j’ai déjà lu Le Premier homme de Camus… Et j’adore l’oeuvre de Camus. Sinon, je te conseille tous les films cités dans mon article.
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Je l’ai vu il y a très longtemps, et je me souviens en effet de l’air de cithare.
Un clin d’œil y est même fait dans un blockbuster hollywoodien, « xXx » quand dans le club de Prague où arrive Vin Diesel, on voit un homme jouer à sa cithare en train de reprendre ce morceau. Bien sûr, ce n’est pas le même genre de cinéma, mais le détail a, à l’époque, beaucoup amusé mes parents.
Je crois que « Le Troisième Homme » est tiré d’une nouvelle, si je ne m’abuse.
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Effectivement, le film est tiré d’un roman de Graham Greene que je n’ai pas lu ;-). Ahh xXx !!!!!!!
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Envoûté par le charme d’Orson Welles qui a vampirisé ce film au point d’effacer Carol Reed de ta mémoire ! Certes, sa participation est minime, mais son aura est magistrale, dans les dialogues qu’il s’est appropriés, dans le visuel qui rappelle en effet « la Dame de Shangai » ou « Mr Arkadin ». Et puis il y a Cotten, dont la présence renvoie vers Kane. Qu’aurait été le film sans lui ? Selznick était contre, il voulait Noël Coward dans le rôle. Heureusement Reed a insisté, et il ne l’a pas regretté (contrairement à une partie de l’équipe qui se souvenait des caprices de la star).
A voir et à revoir.
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J’en ai profité pour relire mon article, j’avais oublié toutes ces références… 🙂
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Un article déjà bien étoffé.
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Merci !
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