J’ai tué : Suivi de J’ai saigné, de Blaise Cendrars

J’ai tué : Suivi de J’ai saigné, de Blaise Cendrars (Zoé) — ISBN-13 : 9782881829420 — 108 pages — 8 € — Genre : L’avant et l’après. ✮✮✮✮

blaise

Après avoir lu « J’ai tué : Suivi de J’ai saigné » de Blaise Cendrars dans le cadre de La Voie des indés 2017, je tiens à remercier les éditions Zoé, Libfly, Céline, ainsi que les différents éditeurs participant à cette opération.

L’ouvrage que je vous présente aujourd’hui réunit, pour la première fois, deux textes rédigés, avec vingt ans d’intervalle, par Blaise Cendrars. Nous voici donc avec une relativement courte duologie, puisque le premier texte fait à peine 10 pages et le second environ 70, qui traite du sujet de la guerre. Ainsi, dans « J’ai tué » (le livre a été rédigé en 1918), Blaise Cendrars nous raconte l’histoire d’un homme dans l’attente d’aller au combat. Les trains passent, les marchandises arrivent, la boue est aussi de service et un homme observe et attend… Et dans ces 10 pages, tout y est ! L’ambiance terrifiante d’une guerre qui approche, mais aussi l’ambiance terrifiante des hommes qui ont peur… On a vraiment l’impression d’y être. Le texte est court, mais les phrases aussi, elles ne font parfois que quelques mots, cela mitraille dans tous les sens. Et au milieu de ces descriptions, l’auteur y incorpore des textes de chansons, chantés autrefois à une époque presque oubliée… L’ensemble est finalement très juste et aussi très émouvant. Aussi, si ce premier texte ne vous a pas définitivement effrayé de la guerre, le second lui finira sans aucun doute par vous convaincre. Rédigé en 1938, « J’ai saigné » raconte l’histoire d’un homme emmené dans un hôpital en convalescence. L’homme en question a été amputé d’un bras, mais il y a bien pire cas dans cet hôpital de fortune que va nous décrire Blaise Cendrars. Ce second texte est bien plus posé, bien plus calme, mais aussi bien plus terrifiant. Il s’agit d’une histoire assez dure et dans laquelle les chirurgiens ressemblent plus à des bouchers qu’autre chose. La guerre est atroce, mais lorsqu’en plus le corps médical n’est pas au niveau des espérances de pauvres bougres qui n’en demandaient pas tant, cela en devient cauchemardesque.

Mille millions d’individus m’ont consacré toute leur activité d’un jour, leur force, leur talent, leur science, leur intelligence, leurs habitudes, leurs sentiments, leur cœur. Et voilà qu’aujourd’hui j’ai le couteau à la main. L’eustache de Bonnot. « Vive l’humanité! » Je palpe une froide vérité sommée d’une lame tranchante. J’ai raison. Mon jeune passé sportif saura suffire. Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J’ai bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute la machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle. Je vais braver l’homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. À nous deux maintenant. À coups de poing, à coups de couteau. Sans merci, je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J’ai tué le Boche. J’étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J’ai frappé le premier. J’ai le sens de la réalité, moi, poète. J’ai agi. J’ai tué.

Je ne peux donc que vous conseiller ce livre, cette duologie sur les horreurs de la guerre et ses conséquences. Blaise Cendrars a vraiment une très belle plume (moi, elle me plaît beaucoup), cette dernière rend parfaitement compte des horreurs de la guerre. Les textes sont très réalistes, mais aussi extrêmement durs… Et c’est surtout le cas pour la seconde histoire qui m’a fait à plusieurs reprises penser à « Johnny s’en va en guerre »,  et cela bien que les deux textes ne se ressemblent pas vraiment. Cependant, ces deux derniers se rejoignent par leur caractère ouvertement antimilitariste. Toujours est-il que si vous êtes à la recherche de ce genre de livre, ces deux courts textes de Blaise Cendrars sont faits pour vous. Cela se lit très vite et très facilement, et ce même si la seconde histoire est plutôt remuante. Quoi qu’il en soit, les éditions Zoé ont eu une très bonne idée de réunir ces deux textes dans un seul et unique ouvrage.

Qu’en pensez-vous ? Quel autre livre de Blaise Cendrars pouvez-vous me conseiller ?

10 réflexions sur “J’ai tué : Suivi de J’ai saigné, de Blaise Cendrars

  1. « L’or » aussi. Je l’ai lu il y a longtemps mais il m’avait plu. J’ai lu également « J’ai saigné » dans le recueil « La vie dangereuse » publié aux éditions Grasset. J’ai beaucoup beaucoup aimé.

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