La nuit jusqu’au matin, de Branko Hofman (Phébus) — ISBN-13 : 9782859405403 — 320 pages — 21,50 € — Genre : Retrouvailles amicales.
Aujourd’hui, toujours dans le cadre du mois de l’Europe de l’Est, je vous emmène en Slovénie. C’est la deuxième fois seulement que je lis un roman dont l’auteur est originaire de ce pays. D’ailleurs, je vous conseille l’excellent Alamut de Vladimir Bartol, mais revenons-en au titre qui nous intéresse aujourd’hui.
Je vais commencer par dire quelques mots sur l’auteur. Ainsi, Branko Hofman, bien qu’il n’ait écrit (à ma connaissance) que cinq romans, est considéré comme l’un des plus grands romanciers slovènes. Malheureusement, « La nuit jusqu’au matin » est le seul titre traduit en français. Ce dernier fut rédigé entre 1968 et 1974, mais il n’a été publié qu’en 1981, soit peu de temps après la mort du dictateur Tito. D’ailleurs, dans la Yougoslavie d’alors, le roman de Branko Hofman (en plus d’être nommé comme le livre de l’année) fut un véritable best-seller. Pourquoi ? Tout simplement, car dans le livre il est question d’un sujet dont il était autrefois interdit de parler, c’est-à-dire de Goli Otok (l’île nue en français). Cette dernière servait comme camp d’internement à des prisonniers politiques qui y furent rééduqués et torturés. Vous l’aurez deviné, c’était un lieu, somme toute, fort sympathique. Mais revenons-en au roman de Branko Hofman. Ainsi, dans celui-ci, l’histoire se déroule sur une nuit (d’où le titre). Dans les années 70, dans un petit village perdu de Slovénie, le cadavre d’une jeune fille est découvert, tout laisse croire qu’elle a été assassinée. Pour résoudre le crime, la police locale fait appel à un inspecteur (Vajda) et à un juge d’instruction (Kovač). Tous les habitants vont être interrogés, mais ils ne seront pas très coopératifs, car les deux intrus (Vajda et Kovač) font partie de l’UDBA (il s’agit de la police secrète yougoslave, comme la Stasi est-allemande). Et le point culminant de l’histoire arrive lorsque Kovač croise le chemin de Peter. Le premier étant le tortionnaire du second lorsque celui-ci fut emprisonné sur l’île dont j’ai parlé un peu plus haut et qui n’est jamais nommé dans le roman de Branko Hofman. Par crainte ou bien par pudeur, l’auteur slovène parlera seulement de l’île.
La femme, sur son poêle, baignait dans un éclairage à la Chagall, légère, libérée du fardeau de la pesanteur, réelle malgré tout : la douleur (lui sembla-t-il) n’avait pas ravi son corps, un corps bien présent sous le plafond, entouré de toutes parts d’images pieuses, ancré dans les principes fermes et inaltérables de l’ascétisme, un corps que retenait d’aller par le fond ce chapelet entre ses mains et des réflexes montés pour régir au monde social (« On a de la visite, il faut de la lumière »), la mort l’avait remuée au-dedans, tournée vers de nouveaux horizons : de son regard fiévreux, la femme scrutait le mur, et ce mur était transparent ; il ne lui bouchait pas la vue, elle regardait au travers et, tournant vers Dieu une dévotion aussi permanente que réconfortante, revenait (lui sembla-t-il) à la source de sa foi.
J’ai eu du mal à rentrer dans ce livre. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être à cause du choix narratif. Sans doute (aussi), car l’histoire (ou plutôt la manière de la raconter) est alambiquée. Effectivement, au fur et à mesure, nous passons du passé au présent, de tels et tels personnages, à tels ou tels événements, situations… Le moi profond des différents protagonistes est mis à nu, celui du bourreau devenu juge, de même que celui de l’ancien prisonnier devenu nouveau suspect. Mais aussi d’autres personnages, comme la mère de la victime ou bien le frère de Peter. Il y a une tension palpable dans ce roman, il y a même une très riche écriture, mais malgré toutes les qualités (indéniables) de ce livre de Branko Hofman, je n’ai apprécié l’histoire que par à-coups. D’ailleurs, c’est le face-à-face entre Kovač et Peter qui m’a le plus passionné (leur passé, leur présent, mais aussi, et surtout leurs questionnements). Cependant, le rythme trop changeant du livre a fait que je n’ai pas pu pleinement l’aimer à sa juste valeur.
J’ai rédigé cette critique dans le cadre du « mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran ».
Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.
Ce n’est donc pas un livre que je retiendrai, pourtant j’ai très peu lu sur ce sujet.
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Moi je n’ai pas accroché, mais peut-être que toi oui 😉
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Je trouve ton billet finalement plutôt positif mais alors l’extrait… non, non… 🙂
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🙂
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Au début de ton article, on se dit qu’on aimerait lire ce livre pour le sujet et puis finalement, bah non, surtout que l’extrait n’est guère convaincant pour moi.
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Que dire ? Je ne suis pas vraiment intéressée mais peut être tentée par la résonance particulière. Rien que l’extrait m’intrigue. Mais c’est vrai que je suis en général particulièrement curieuse de ce qui sonne « bizarre » 🙂
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Tout est dit…
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Je suis comme krolfranca, tentée par le côté historique du début de ton article et plus dubitative à la fin. Mais je lui donnerai quand même sa chance si jamais je l’ai sous la main!
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J’espère que tu aimeras
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Je ne suis pas non plus convaincue par l’extrait, et toi-même tu ne sembles pas avoir tellement apprécié … pourtant le sujet paraissait prometteur …
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Il y a quand même quelques bons passages…
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Et bien, en lisant ta description du roman, je suis bien tenté (bon, c’est vrai, j’ai un peu de mal à suivre l’extrait) ! Il y a un livre slovène que je voulais lire absolument, qui a également le mot « nuit » dans le titre (amusant, non) : Cette nuit, je l’ai vue – de Drago Jancar. A voir pour l’année prochaine maintenant !
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