Le crépuscule de Shigezo, de Sawako Ariyoshi (Mercure de France) — ISBN-13 : 9782746747128 — 320 pages — 20,80 € — Genre : Grabataire et sénile.
Pour mon dernier article de l’année, j’ai décidé de vous présenter un roman japonais, toujours et encore, mais rassurez-vous, il se peut qu’après les fêtes vous ayez droit à autre chose. Je ne sais pas encore, c’est pour cela que je dis peut-être. Enfin, bref, venons-en au plus important…
Le livre débute par le soudain décès (qui a lieu au plus mauvais des moments, c’est-à-dire en fin de semaine) de la belle-mère d’Akiko. Puis, un autre malheur arrive très rapidement puisque Shigezo, le beau-père désormais veuf, est devenu sénile au point qu’il ne reconnaît plus son propre fils. Que faut-il faire du vieil homme ? Le placer dans un institut, ou bien le recueillir chez soi ? C’est cette dernière solution qui est choisie. Malheureusement pour (Akiko) la belle fille, c’est elle qui va devoir s’occuper de Shigezo, au point de devoir abandonner pour un temps son travail. Ce n’est pas facile de s’occuper d’un vieil homme, Akiko l’apprend à ses dépens, elle s’épuise à la tâche, d’autant plus que son mari, le fils du vieil homme sénile, refuse de seconder son épouse qui est au bord de l’épuisement physique et moral. C’est que le quotidien d’Akiko n’est pas de tout repos. Ainsi, le matin, il faut aider son beau-père à s’habiller, à lui retirer son dentier pour le nettoyer ce qui va s’avérer ne pas être facile, car le vieil homme est persuadé qu’il a toutes ses dents. Puis, il faut emmener Shigezo aux toilettes, lui préparer à manger, le surveiller comme le lait sur le feu (pour ne pas qu’il s’enfuie de la maison), le laver de la tête aux pieds (ce qui s’avère être très gênant), mais aussi lui changer les couches (car il fait désormais pipi au lit) avant de le coucher en espérant qu’il ne se réveille pas en hurlant au voleur, comme chaque nuit depuis quelque temps, alors que celui-ci (le voleur) n’existe pas. N’oublions pas les visites chez le médecin qui ne servent pas à grand chose. Le vieil homme est définitivement devenu un grand enfant.
À la différence d’une couche de bébé, celle de Shigezo dégageait une odeur infecte. Akiko lui en mit une propre d’une main désormais experte, allant même jusqu’à soulever délicatement le pénis de son beau-père avant de rabattre les bords. Le pénis de Satoshi était si mignon quand elle le changeait autrefois ; quelle différence avec la masse de chair inerte depuis des années entre les jambes de Shigezo ! Une fois l’opération terminée, elle se surprit à donner une petite tape sur les fesses de Shigezo. Elle resta interloquée : avait-elle manqué de respect à un homme en train de mourir ?
Le vieillissement (et ses difficultés) est un sujet universel, mais celui-ci est peut-être encore plus important dans un pays comme le Japon qui a l’une des populations les plus vieilles du monde. Toujours est-il que le principal sujet du livre est celui de la maladie, du vieillissement et de ce que cela implique au quotidien pour les proches, mais aussi pour les premiers concernés, bien que, dans le cas du roman, le premier concerné n’a plus toute sa tête. Le sujet n’est pas gai, il faut bien le dire, mais il est notre futur le plus probable… Et puis, dans ce livre, il est traité de manière très délicate, très douce, avec beaucoup d’humanité. La plume de Sawako Ariyoshi est extrêmement tendre, d’une belle simplicité qui va droit au cœur, mais sans jamais être dans le pathos ou bien le larmoyant. J’avais déjà apprécié l’écriture de Sawako Ariyoshi dans « Kaé ou les deux rivales » et je suis toujours aussi conquis. Enfin, il y a un autre sujet dans le livre, c’est celui de la place de la femme dans le Japon des années 70, mais qui est toujours d’actualité et pas seulement au Japon. En effet, Akiko est celle qui doit s’occuper de son beau-père, car pour le fils (qui ne bougera pas le petit doigt pour son vieux père) il s’agit d’une tâche ménagère, c’est-à-dire d’une tâche pour les femmes. Elles en ont de la chance !
Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.
Sawako Ariyoshi est mon auteure japonaise préférée. J’avais adoré « Le Miroir des courtisanes ». Je croyais avoir lu tous ses livres traduits en français et je m’aperçois grâce à ton article que je n’ai pas lu celui-ci ! Je le note, même si le sujet n’est pas vraiment divertissant …
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Un sujet idéal pour les fêtes de noël 🙂
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Hihi 🙂
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Un livre emprunté et rendu à la bibli. Pas trop trop le moment… ^_^ Les femmes qui ont la charge, sinon physique, du moins mentale, ça va comme ça!
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🙂
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Je pense que si j’ai une autre vie, je ne veux pas être une femme japonaise…Et aussi que j’ai aimé lire ton billet.
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🙂
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Normalement, j’évite ce sujet, l’impuissance de la vieillesse me touche trop. mais ici il est peut-être traité sous un angle plutôt supportable pour les âmes sensibles ??
Merci pour le partage, Goran.
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Tout dépend de la sensibilité de l’âme… Voilà qui ne va pas t’aider beaucoup, mais à mon avis tu devrais essayer…
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Très bel article Goran à l’image de ce roman touchant la sensibilité humaine… Merci pour la découverte!
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Merci à toi.
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Cela m’a tout de même l’air d’être un livre pas mal éprouvant.
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Sans doute un peu…
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Chacun sa sensibilité !
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Oui.
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Je n’ai pas encore lu cette auteur. Ce livre a l’air très beau sur un thème qui peut tous nous toucher. Je me suis mise à Kawabata récemment ! Quant aux femmes et à leur émancipation, j’ai comme l’impression que leur situation n’a pas beaucoup évolué au Japon depuis Kawabata ! Et ce qu’il écrit sur la condition féminine à son époque m’horrifie !
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J’aime beaucoup Kawabata, j’espère que toi aussi…
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Je ne connaissais pas du tout cette lecture.
Mais je me la note car j’apprécie souvent les livres parlant de vieillesse et si en plus il y’a une critique de la place des femmes je dis une grand oui.
Merci de la découverte.
Bonne journée
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Merci Laura…
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