Le dernier loup, de László Krasznahorkai (Cambourakis) — ISBN-13 : 9782366244427 — 71 pages — 15 € — Genre : Mon confident le barman.
C’est désormais ainsi, à chaque fois qu’un nouveau texte de l’auteur hongrois László Krasznahorkai sort, je me précipite dessus. Ainsi, il est tout naturel que je vous parle de son dernier roman, d’autant plus que par certains aspects, il me rappelle « Guerre & guerre » le chef-d’œuvre de László Krasznahorkai.
L’action du livre de László Krasznahorkai se déroule dans un bar berlinois, le Sparschwein, dans lequel un homme raconte une partie de sa vie au barman hongrois qui le sert et qui ne semble pas vraiment intéressé, puisqu’il réussit même à s’endormir un court instant par ce que lui raconte le narrateur, un homme qui se prétend ancien intellectuel, professeur de philosophie. Toujours est-il que ce dernier reçoit une invitation d’une étrange Fondation afin d’écrire un texte, dont la nature n’est pas dévoilée, sur Estrémadure, endroit dans lequel notre homme de lettres doit se rendre, sauf que celui-ci, après, semble-t-il, s’être retiré du monde philosophique et littéraire, a du mal à croire que l’on puisse de nouveau faire appel à lui, mais il se trouve qu’il n’y a pas eu d’erreur sur la personne. Une fois sur place, à Estrémadure, un lieu quasi désertique qui n’est pas très engageant, mais qui annonce son développement, notre narrateur est pris en charge, il a droit à une voiture avec chauffeur, mais également à une traductrice qu’il aura du mal à comprendre. Cette dernière semble cacher quelque chose, mais aussi ne pas traduire correctement ce qu’on lui dit, notre ex-philosophe et nouveau conteur de comptoir en est persuadé. D’ailleurs, le narrateur (qui ne croit plus en sa mission, car il se sent incapable d’écrire quoi que ce soit sur Estrémadure) s’interroge sur le but profond de son excursion, d’autant plus que la traductrice s’est mise en tête de faire découvrir à son hôte, l’histoire du dernier loup, en emmenant celui-ci recueillir les récits des derniers témoins de cette émouvante disparition et remonter ainsi le fil d’Ariane qui mène à la vérité. Voilà pour l’histoire du livre…
(…) oui mais comment expliquer à ces braves gens si enthousiastes qu’il n’était désormais plus possible de penser, que la pensée avait perdu son sens de l’aventure, du défi, qu’elle n’avait plus de profondeur, plus de hauteur, qu’elle se limitait désormais à exprimer des saletés primitives telles que DONNE-MOI ÇA, la langue n’est plus qu’un paquet de linge sale, voilà ce qu’il pensait, et c’était cette pensée qui l’avait détruit, avait causé sa perte (…)
Ainsi, le texte de László Krasznahorkai est composé d’une seule et unique phrase (et paragraphe) d’un peu plus de 70 pages. Pourtant, le récit de l’auteur hongrois est si envoûtant que l’on ne se rend même pas compte de l’absence, en dehors de celui final, de points. D’ailleurs, l’ensemble est extrêmement vivant, dynamique, puisque les lieux et les époques changent, mais également le point de vue des différents protagonistes. Personnellement, je trouve que le style de l’auteur est remarquable. J’admire énormément la richesse d’écriture, mais également narrative de l’écrivain. Mais au final quel est le sujet profond de ce roman ? Bien sûr, comme nous le rappelle l’éditeur, le texte de László Krasznahorkai parle d’écologie et de la cause animale, mais ce n’est pas tout, ce n’est pas aussi simple (pour ne pas dire simpliste), car ce livre, c’est aussi l’histoire d’un homme désabusé qui ne semble plus croire en rien, c’est l’histoire d’un homme qui semble ne plus être en adéquation avec le monde dans lequel il vit. Quoi qu’il en soit on a l’impression, à chaque instant de notre lecture, que le narrateur du livre n’est autre que l’écrivain hongrois qui exprime ses tourments…
Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.
Nous sommes tant à nous sentir en décalage. J’imagine que ce roman me parlerait aussi.
Merci du conseil Goran.
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Merci…
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Je pense que malgré ton admiration je vais fuir ce livre et son absence de points….
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🙂
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Ah, s’il te rappelle Guerre et guerre, je n’ai plus qu’à me précipiter en librairie !! J’ai hésité jusqu’à présent, notamment parce que j’ai déjà acheté Seiobo…. à sa sortie en poche (et c’est un titre qui me fait peur), mais tu mets en avant l’argument pour me convaincre !
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Je préfère largement ce livre à Seiobo…
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Ah mais tu as lu Seiobo ? Tu ne l’as pas chroniqué (je crois que je m’en serais souvenue) ? Tu n’as pas aimé ?
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J’ai lu, mais pas chroniqué… Disons que j’ai moyennement aimé, ce n’est pas mon préféré…
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Je crois que d’autres livres de cet auteur m’avaient plus tentés lors de critiques précédentes.
Mais le fait que ce livre soit en fait une phrase m’intrigue tout particulièrement
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C’est un très bon livre et il n’est pas très long, tu ne risques pas grand chose…
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Certes !
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J’avais aimé « Guerre et guerre » donc celui-ci me tente bien ! Je note le titre !
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Je pense que tu vas aimer…
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Ah je suis perdue… J’ai lu La venue d’Isaie, dont goodreads dit
« Conçu sous la forme d’une lettre au destinataire non identifié, ce texte au ton étrangement prophétique – un homme, Korin, entre dans un buffet de gare et délivre par bribes un message énigmatique, dont la solennité contraste avec l’environnement miteux – est un prologue au roman Guerre et Guerre, qui paraîtra en octobre 2013 aux éditions Cambourakis. »
Je retrouve le texte court, ‘mon confident le barman’ mais ce n’est pas tout à fait ton livre. Là dedans il y a des trucs assez barges quand même… Sur ce j’ai démarré guerre et guerre, mais il me faut le ‘bon’ moment.
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Très belle lecture à toi…
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Une phrase unique de 70 pages ? Son correcteur de syntaxe a dû virer au rouge !
En tout cas, il a l’air intriguant, ce petit bouquin…
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Oui, il s’agit d’une phase de 70 pages…
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Merci pour cette belle suggestion Goran! Intéressant pour la prof. de français en moi cette phrase de 70 pages.
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🙂
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J’ai Guerre et Guerre… je pense que je vais commencer par découvrir celui-là!
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Très bonne idée…
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Celui-ci est noté pour le mois à l’est, j’en suis curieuse depuis sa parution !
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🙂
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Très intéressant ! Je suis tentée malgré la phrase de 70 pages.
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Si j’étais toi, je n’hésiterais pas 🙂
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Idem, belle incitation à le lire !
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Ah, je le note ! Il m’interpelle ce livre. Merci pour la tres bonne chronique qui m’a ouvert l’appétit…
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Mais de rien 🙂
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J’ai commencé à lire Guerre et guerre et j’ai abandonné. Pas réussi à analyser pourquoi. Ou plutôt si ! Je me suis arrêtée à cette scène sur le pont avec ces enfants prédateurs, dangereux, prêts à tuer cet homme qui parle sans s’arrêter et ne raconte que des choses glaçantes, cela m’a terrifiée. J’en ai lu pourtant des récits noirs , pessimistes mais là… !
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Dommage… 🙂
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