La Femme pauvre, de Léon Bloy

La Femme pauvre, de Léon Bloy (La Part Commune) — ISBN-13 : 9782844180650 —  448 pages — 18 € — Genre : Aide-toi et Dieu t’aidera.

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Il me semble n’avoir jamais parlé d’un livre de Léon Bloy sur mon blog, c’est pourtant un auteur classique que je lis de temps en temps (et sans doute pas suffisamment), comme dernièrement avec « La Femme pauvre ». Vous l’aurez compris, c’est de ce roman, dont le titre m’a interpellé (comment ne pas l’être ?), qu’il va être question aujourd’hui.

Le roman débute en nous décrivant l’univers dans lequel vit Clothilde, l’héroïne du livre. Nous sommes à Paris vers la fin du 19e siècle, l’ambiance est misérable, je dirais même un peu glauque, mais, j’imagine, assez réaliste. En effet, la jeune femme que j’ai nommée plus haut habite avec sa sournoise mère et son beau-père alcoolique, des parents (miséreux) de la pire espèce qui décident, pour s’en sortir financièrement, de prostituer leur fille. Il faut dire que cette dernière n’est pas tout à fait repoussante, malgré les guenilles qui lui collent à la peau, la faim qui l’a transformé en un sac d’os. Les adorables parents calculent déjà l’argent qu’ils vont pouvoir se faire grâce à leur douce enfant, sauf que celle-ci, bien que soumise, refuse de venir en aide à sa mère et son beau-père en vendant son cul. La mère ne comprend pas l’ingratitude de son enfant tandis que le beau-père envoie Clothilde chez un peintre qui a besoin d’un modèle. Une fois chez l’artiste Cagougnol, l’innocente Clothilde fond en larmes, car elle comprend qu’elle doit se mettre entièrement nue, ce qu’elle refusera aussi de faire. En effet, Clothilde n’est pas seulement ingrate, c’est aussi une grande timide. Dans un premier temps, le peintre sera fou de colère, mais après avoir écouté l’histoire que Clothilde va lui conter sur sa vie faite de misère, humiliation et privation, Cagougnol va comprendre la situation et l’âme noble de la jeune femme. Ainsi, le peintre va prendre Clothilde sous son aile en l’extirpant de l’emprise de ses ignobles parents. Pour Clothilde la suite est plus heureuse, mais derrière chaque rayon de soleil un gros nuage guette. Le malheur, la misère, la souffrance ne sont jamais loin. Je préfère ne pas trop vous en dire. Aussi, j’arrête ici ma description, mais sachez que la suite est pleine de rebondissements.

– Tu ne m’avais pas dit ça, vieux corbillard. Sa cousine est une salope qui ne lui foutra pas un radis, puisqu’elle m’a refusé à moi, l’autre jour, en me disant qu’elle n’avait pas d’argent pour les pochardises. Je la retiens, celle-là. Ah ! bon Dieu de bon Dieu ! malheur de malheur ! ajouta-t-il presque à voix basse, c’est bibi qui se charge de lui chambarder sa boîte à punaises, quand viendra la prochaine. Enfin, suffit ! Nous l’attendrons en suçant nos pouces et nous verrons si Mademoiselle des Égards veut bien faire à ses vieux parents l’honneur de les écouter. 

Ainsi, le roman de Léon Bloy parle de rédemption chrétienne. Aussi, pour parvenir à celle-ci il faut vivre dans la souffrance et la pauvreté. Cependant, il est tout à fait possible de lire ce texte, marqué par une certaine forme de philosophie chrétienne, comme un laïc qui découvre l’histoire d’une pauvre fille qui se fait exploiter par des misérables qui se font appeler parents. Toujours est-il que la plume de Léon Bloy est très relevée, polémique, percutante, mais aussi (et surtout) d’une grande poésie, car le récit contient énormément de rimes. J’adore le style de l’auteur bien qu’il soit parfois un peu trop exalté. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman relativement piquant, marqué par une petite d’humour noir, surtout dans le début du texte qui est extrêmement imagé et inventif. À partir du moment où Clothilde se fait recueillir par son sauveur, le texte est un peu moins percutant et à partir de cet instant j’ai un peu moins aimé, mais tout en restant captivé par les questionnements de l’auteur qui poussent à la réflexion. D’ailleurs, le vocabulaire de l’écrivain (de même que le style) garde de sa richesse tout le long du récit.

Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.

16 réflexions sur “La Femme pauvre, de Léon Bloy

  1. C’est un auteur que je ne connais que de nom, un de ces classiques généralement délaissés par les lecteurs qu’il me reste à découvrir. Il n’y a sans doute que chez toi (et quelques rares autres) que l’on peut trouver ce genre de titres. Merci !

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  2. Je n’ai pas lu de Léon Bloy, le tenant pour un exalté un peu en dehors de mon monde préféré, mais ta critique est bien menée et du coup cela me tente d’en essayer la lecture. Surtout avec ce type d’histoire à la Dickens qui m’a toujours attiré. Bonne journée

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  3. Je suis tout à fait d’accord avec le commentaire d’Inganmic ! Très belle découverte. En fouillant un peu, je vois que ses oeuvres sont encore disponibles en éditions récentes, c’est très tentant !

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