La Bouche pleine de terre, de Branimir Scepanovic

La Bouche pleine de terre, de Branimir Scepanovic (Tusitala) — ISBN-13 : 9791092159165 —  136 pages — 14 € — Genre : La Course à la mort.

bouche

Pour débuter ce mois de mars, consacré à la littérature d’Europe de l’Est, je vous propose un roman monténégrin. De plus, mon billet est rédigé dans le cadre d’une lecture commune et c’est Patrice qui m’accompagne. N’oubliez pas d’aller lire son article ici. J’ai de mon côté hâte d’aller le découvrir.

« La bouche pleine de terre », de Branimir Scepanovic est un roman assez court que l’on peut considérer comme une nouvelle. Il n’est pas simple de raconter l’histoire de ce superbe texte. Ainsi, le livre est structuré de deux récits qui se font face. Il y a d’un côté un individu qui court pour s’échapper. Il fuit dans une course folle son destin, sa vie, son malheur, c’est petit à petit que l’on apprend à connaître l’homme qui se révèle à la troisième personne. Je ne vais pas vous divulguer pourquoi le principal personnage débute sa cavalcade, mais sachez que les raisons de sa fuite nous sont tout de suite dévoilées. Toujours est-il que l’homme qui fuit (le tumulte de la ville) commence à être poursuivi par deux autres personnages (des chasseurs), ces derniers sont intrigués, ils veulent apprendre pourquoi, comprendre les raisons, mais aussi qui est cet étrange marathonien ? Par conséquent, c’est en quelque sorte une chasse à l’homme qui se met en place. Avec d’un côté un homme qui fuit, pour se retrouver seul, vers un face-à-face avec son destin et qui se demande pourquoi des inconnus essayent de le rattraper alors que lui ne souhaite voir personne. Et de l’autre il y a les deux poursuivants, rongés par leur curiosité et qui parfois imaginent le pire. Vous devez vous demander quel est le sens de cette histoire ? Qu’est-ce que tout ceci peut bien vouloir dire ? Il s’agit d’une réflexion sur le but de la vie, c’est ce que je pense. Cette dernière en a-t-elle seulement un (de but) ? Il semblerait que non… Bien entendu, il est aussi question de la mort, c’est peut-être même le sujet principal de cet excellent livre, âpre, dur, noir… J’ai adoré, mais avant de vous faire savoir pourquoi voici un petit extrait de « La bouche pleine de terre », de Branimir Scepanovic.

Jakov et moi, toujours silencieux, fixions une étoile qui filait, lente et indécise, comme un oiseau égaré. Elle tombait droit sur nous et il nous semblait vaguement qu’à l’instant même où sa lumière trompeuse viendrait s’éteindre dans nos yeux, nous sombrerions dans le sommeil et dans l’oubli.

Comme je le disais, j’ai adoré ce vertigineux roman, car le texte est profond, très bien rédigé, c’est à la fois vif, bref, incisif, mais aussi très beau et bien entendu triste. L’auteur possède une très belle écriture. De plus, la narration du livre est originale puisque la réflexion des différents protagonistes se fait face dans de courts paragraphes qui se succèdent. Et puis j’oublie de dire que le titre « La bouche pleine de terre » est suivi d’un autre texte : « La Mort de M. Golouja ». Dans ce dernier, il est encore question de la mort, d’un intrus, de la vie absurde, c’est sombre et un brin cynique, mais c’est surtout tout aussi bien que le roman principal. D’ailleurs, je me demande si je ne préfère pas celui-ci, malgré le fait qu’il ne compte, malheureusement, qu’environ 40 petites pages… Toujours est-il que les deux histoires de Branimir Scepanovic sont de celles qui marquent, que l’on n’oublie pas. Par conséquent, il ne faut pas hésiter

Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.

19 réflexions sur “La Bouche pleine de terre, de Branimir Scepanovic

  1. Je suis très heureux de voir qu’on partage le même enthousiasme sur ces deux textes. C’est très bien écrit, je suis tout à fait d’accord avec toi ! Quelle bonne idée de s’être embarqué dans cette lecture 🙂

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  2. Un récit étonnant, tenu de bout en bout, dont le point de départ, la fuite du personnage principal et la poursuite qu’il suscite (aux 2 chasseurs s’agrégeront ensuite d’autres poursuivants) est pour le lecteur extrêmement stimulante. Le fuyard court vers sa fin, vers sa mort, mais pas seulement, il rejoint son histoire familiale aussi, et le lecteur trouve ainsi des réponses tout à fait inattendues. Un petit chef-d’œuvre à découvrir absolument. A condition d’accepter de perdre ses repères, de se laisser aller à l’étrangeté et à l’absurde, et de se laisser porter par la magie d’une écriture tendue et terriblement efficace. Une découverte!

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