Septentrion, de Louis Calaferte (Gallimard) — ISBN-13 : 9782070382279 — 446 pages — 10,90 € — Genre : Vertige de l’écriture.
Louis Calaferte, c’est un écrivain français dont j’ai entendu parler il y a quelques années, je ne sais plus où (peut-être sur votre blog, vous me direz), et que j’ai complètement oublié avant de croiser de nouveau son chemin et me rappeler que je devais le lire. Pour cette première expérience avec l’auteur, j’ai choisi (après avoir longtemps hésité) le titre suivant : Septentrion.
Ce livre, c’est une longue logorrhée d’un type qui se met à nu avec force, fracas et fureur. Ce roman, c’est l’histoire de l’errance intellectuelle et physique d’un homme qui ne sait plus trop qui il est, ouvrier dans une usine, gigolo et amateur de femme, mais également des bars… Et il faut dire que le monsieur galère, il vivote en tapant un peu d’argent à ses copains, en s’incrustant chez eux pour une nuit et parfois plus, jusqu’à tomber sur un gentil couple qui l’hébergera suffisamment longtemps pour qu’il vomisse leur petite vie construite autour du métro-boulot-dodo… Ainsi, notre narrateur déambule dans les rues de Paris, d’hôtel en hôtel, de femme à femme, c’est un parcours un peu halluciné et hallucinant, mais le héros de ce roman n’est pas fou, il sait ce qu’il souhaite, à savoir lire de plus en plus, afin d’imprégner tout son être de littérature, pour finir par devenir lui-même écrivain, il s’agit de son désir le plus ardent. Ce récit, c’est aussi une confession du narrateur sur ses parties de jambes en l’air, dans un premier temps il sera essentiellement question de ça et le thème, bien qu’un peu moins présent, perdura tout au long du livre. De plus, le texte est parsemé de réflexion en tout genre, sur la vie, sur l’humanité. Et il faut dire que le regard porté par l’auteur sur tout ce que je viens d’énumérer est assez sombre, pessimiste. Le narrateur est sans aucun doute un brin misanthrope, sans doute aussi un brin misogyne, sans doute aussi un brin misan-tout-le-reste…
Sans rien à lire pour m’occuper, enfermé dans le réduit, je laissais vagabonder ma pensée à son gré sur mille petits faits réjouissants d’ordre divers, tel le souvenir d’une paire de jambes de femme impeccablement calquées dans les bas couleur chair, rencontrées le matin même ou la veille en me rendant au travail. Jambes fermes. Jeunes. Modelées. En tout point parfaites. Excitantes. Le dessin du muscle long jouant à chaque pas, tendu à hauteur du mollet. Noué. Relâché. Mouvant. Profitant de sa souplesse. De sa vie. Morsure sous la chair. Ligne frissonnante et dure qui ébauche des ombres et des reliefs mobiles, fuyants, à peine imprimés dans la peau. Sursaut nerveux du col des bêtes échauffées qui va se perdre en glissant sous la jupe.
Débutons par le plus important, dans ce livre on a l’impression de se retrouver, un peu, comme dans un Bukowski, c’est très vague comme sensation, mais c’est ce que j’ai ressenti. Aussi, comme vous connaissez mon amour de l’univers littéraire de ce bon vieux Buk, vous devez vous douter que j’ai adoré ce roman, parfois halluciné, parfois troublant, toujours percutant et empreint de noirceur, mais également assez pessimiste. Terminons par ce que je voudrais savoir et que j’ai appris en préparant cette critique… Pourquoi donc ce roman fut-il interdit de vitrine et de vente en librairie pendant près de 20 ans ? Avant 1984, c’est par le biais de souscriptions privées que l’on pouvait découvrir le texte. Je n’en sais pas plus, je n’ai rien trouvé sur Wikipédia. J’aimerais bien comprendre, car Henry Miller (pour ne donner que cet exemple) publiait en France (avant et après 1964) des livres tout aussi crus et même peut-être plus. Toujours est-il que je vous recommande la lecture de ce roman qui prend aux tripes, tel un bon whisky qui apaise les âmes en peine. À lire, sans modération…
Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.
C’est tout nous ! Un vieux baroudeur révolté dont seul la littérature apaise l’âme !
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Carrément 😉
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J’ai lu Le requiem des innocents (mais je ne pense pas que tu aies noté cet auteur chez moi, mon billet remonte à plus d’une décennie !), un texte très fort aussi. Ton rapprochement avec Bukowski est très juste..
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Je vais l’acheter. Merci beaucoup pour ton conseil…
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Je connais son nom, quand même, mais jamais lu!
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Peut-Être que ça te plairait, il faut essayer 😉
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J’aimais bien Henri Miller, Bukowsky m’a jamais tenté. Pourquoi pas essayer Louis Calaferte dont le nom revient souvent dans les blogs. En tout cas cette belle chronique donne envie de se lancer !
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Merci !
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J’avais lu un court roman de lui (Rosa Mystica) et j’avais bien aimé. Ses poèmes sont aussi très bien. D’ailleurs, j’avais acheté « Septentrion » et il m’attend sagement dans ma bibliothèque depuis plusieurs années… Je sens que je vais bientôt le lire 🙂
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J’espère que tu vas aimer tout autant que moi 🙂
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J’en suis quasiment sûre 🙂
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Je l’ai acheté il y a une dizaine d’années. Une blogueuse disait ne pas avoir lu deux ou trois auteurs incontournables, mais avoir dévoré Malaparte et Calaferte. En bonne brebis, je me suis donc mise à leur recherche mais je n’ai toujours pas lu « Septentrion ». Tu donnes envie de réparer cette erreur.
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Calaferte, ça fait longtemps que je ne l’ai pas lu… 🙂
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Pas forcément pour moi, mais toujours heureux de découvrir quelque chose que je ne connaissais pas 🙂
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Merci 😉
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De nom mais c’est tout. Mais si les pages sont imbibés de Buk, alors il mérite plus qu’une gorgée en passant.
Bel article.
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Imbibées
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Et une grosse 🙂
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Encore une fois, je reconnais ton style de lectures! 🙂 Belle chronique!
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Je n’ai plus aucun mystère 🙂
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🙂
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