Dracula, De l’empaleur vlad III à l’empereur des vampires, de Matei Cazacu

Dracula, De l’empaleur vlad III à l’empereur des vampires, de Matei Cazacu (Tallandier) — ISBN-13 : 9791021044371 —  510 pages — 11,50 € — Genre : Le mal-aimé.

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Pour ma septième critique (eh oui, déjà, mon rythme est vraiment très soutenu cette année) de notre mois de mars, je vous emmène de nouveau vers un essai, mais cette fois-ci roumain. De quoi va-t-il s’agir ? Tout simplement de la véritable biographie de Dracula, l’un des plus célèbres personnages mythiques de notre époque. Sauf qu’entre le mythe et la réalité, il y a bien souvent un gouffre.

Commençons par dire quelques mots sur l’historien Matei Cazacu. Ce dernier, spécialiste de la Roumanie et du monde balkanique, est né à Sinaia (Roumanie) en 1946. Ainsi, après avoir réussi une licence d’histoire à l’université de Bucarest, Matei Cazacu s’est installé en France, pays dans lequel il a poursuivi ses études jusqu’à l’obtention d’un doctorat à l’Université de Paris 1. Depuis, Matei Cazacu est l’auteur de nombreux ouvrages, dont celui qui nous intéresse ici et pour lequel il a reçu le prix Thiers de l’Académie française. Venons-en à notre essai. Tout le monde connaît Dracula grâce au roman (que je n’ai pas lu) gothique de Bram Stocker ou bien à l’aide de l’excellente adaptation cinématographique (cette fois-ci j’ai vu) de Francis Ford Coppola… Mais, comme vous pouvez vous en douter, Dracula n’est pas du tout celui de la légende, le vampire amoureux. Qui était-il alors ? Tout simplement une sorte de Prince roumain qui a pris le pouvoir à l’âge de 17 ou 18 ans. Pour être plus précis, Dracula (Vlad, pour les intimes) portait le titre de Voïvode de Valachie. Je vais essayer de résumer le parcours de Dracula dans les grandes lignes. Il faut dire qu’au 15e siècle cette région de l’Europe était fort mouvementée. Trahi par les uns et les autres, allié aux uns et aux autres, tout le monde se battait pour son pré carré. Ainsi, il y avait d’un côté la Hongrie et son roi Mathias Corvin et de l’autre l’Empire ottoman et son dirigeant Mehmed II. Et je ne parle pas de la Moldavie… Toujours est-il que dans ces conditions, Dracula (parfois prisonnier par son propre camp) n’a cessé de combattre et de changer d’alliance (ottomane, hongroise, etc.) pour se maintenir au pouvoir. En fin de compte, Dracula, fin stratège, finit par toujours s’opposer aux Ottomans. Avec ce que je viens de dire, cela n’explique pas d’où vient la réputation sanguinaire de Dracula. Pour le savoir, il vous faudra lire le 7e chapitre intitulé « Tyran ou grand souverain ? » du livre de Matei Cazacu. Cependant, pour ne pas vous laisser sur votre faim, je peux rajouter (en citant l’auteur) que les cruautés attribuées à Dracula étaient comparables à celles de Mehmet II.

L’origine de ce sobriquet est encore discutée. Pour la plupart des chercheurs, il pourrait indiquer l’appartenance de son père, Vlad Dracul, à l’orde des dragons (Societas dracunistarum) fondé par l’empereur Sigismond de Luxembourg en 1408, alors qu’il n’était que roi de Hongrie. Le latin draco ayant donné le roumain drac, avec le sens de « diable », Dracul serait donc « le diable » et Dracula (dans sa forme populaire Dràculea) « le fils du diable ». D’autres chercheurs considère que le sobriquet Dracul, diable, devrait plutôt être compris dans un sens proche de celui qu’il a dans l’expression « diable d’homme ».

Dracula, de Matei Cazacu un excellent essai, qui comporte de nombreuses citations, s’est extrêmement fouillé, dense. Il y a énormément d’informations, il faut rester concentré pour suivre les différents épisodes de la vie tumultueuse de Dracula, mort, finalement, relativement jeune. De mon côté, j’ai particulièrement aimé le chapitre 7 que j’ai brièvement abordé plus haut, mais aussi le dernier chapitre qui s’intéresse aux croyances populaires sur l’existence des vampires. J’ai oublié de préciser que Matei Cazacu aborde la question du vampire de Bram Stocker.

Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.

J’ai rédigé cette critique dans le cadre du mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran.

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33 réflexions sur “Dracula, De l’empaleur vlad III à l’empereur des vampires, de Matei Cazacu

  1. J’avais déjà vu des reportages sur le vrai Dracula, mais jamais rien lu d’aussi exhaustif sur le personnage. Tu m’as donné très envie de me plonger dans cet ouvrage.
    Mais aussi de revoir le très beau film de Coppola (dont j’avais vanté les qualités sur mon blog).

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  2. Cet ouvrage à l’air très intéressant, merci (ou non!) d’augmenter ma wish list 😂 Si tu veux pousser sans lire le livre de Bram Stoker, il y a une récente adaptation graphique que j’ai beaucoup aimé de Georges Bess. Je spoil ma prochaine chronique dans laquelle je vais en parler. Si tu n’es pas trop pressé elle devrait arriver avant la fin du mois, je suis très lente en ce moment…

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  3. J’aimerais certainement cet essai. J’ai lu «Dracula» de Bram Stocker et j’avais beaucoup apprécié ma lecture. Je connaissais l’histoire sanguinaire du vrai compte… merci de le mettre en lumières malgré ses ténèbres durant ce mois.

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  4. Encore une bonne trouvaille :-). Ce que je trouve intéressant, au-delà du personnage et de la construction du mythe, c’est cette histoire mouvementée de cette région d’Europe au XVème siècle.

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  5. Le film est très bon, mais le personnage me paraît trop nuancé, dans le roman Dracula est juste un monstre corrupteur, odieux et malsain. Sa séduction n’est qu’un leurre pour obtenir sa pitance. Du moins, je l’ai vu plutôt ainsi. Bref, le personnage, qu’il soit romantique ou juste maudit, méritait bien un essai, c’est toujours sympa de passer de la fiction à la réalité.

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