Les enfants de Hansen, de Ognjen Spahic

Les enfants de Hansen, de Ognjen Spahic (Gaïa) — ISBN-13 : 9782847200782 — 176 pages — 18,30 € — Genre : Connaître la maladie de Hansen sur le bout des doigts.

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Toutes les bonnes choses ont une fin et aujourd’hui je publie ma dernière critique consacrée à la littérature d’Europe de l’Est. Aussi, nous partons au Monténégro. Patrice, j’espère que tu es content ? Tu as été d’une grande patience, mais cette dernière ne fait que décupler le plaisir.

L’action du livre se déroule dans la dernière léproserie d’Europe. Nous sommes en 1989 à Bucarest, la capitale roumaine. Aussi, c’est surtout le parcours d’un petit groupe d’hommes que nous suivons. Pour être plus précis, ils sont trois. Il y a le narrateur et son ami américain qui se nomme Robert W. Duncan, de même qu’un Hongrois. Le roman contient d’autres personnages, mais l’écrivain Ognjen Spahic se concentre sur ces trois principaux. Même si pendant tout le livre, l’ambiance est morose, le début est aussi un peu glauque, car le narrateur décrit avec le plus de détails possible la maladie, celle qu’il voit chez l’autre et qu’il a du mal à voir, car ce n’est jamais facile de faire face au reflet de son image malade chez l’autre. Dans le livre, tout le long, il est question de la lèpre, mais aussi d’anecdotes historiques la concernant et de quelques explications. Puis, il est question du lieu et celui-ci est très étrange, car les soignants (docteurs, infirmiers, etc.) ne sont jamais mentionnés. Les malades prennent soin d’eux-mêmes, ils ne semblent bénéficier d’aucune aide. Leur abandon est total. Ensuite, il est question des résidents, de la vie qu’a été celle de l’américain et du hongrois avant qu’ils n’arrivent dans ce mouroir roumain, mais aussi de la vie qu’est la leur aujourd’hui. Et, celle-ci est tout en renoncement. Cependant, une pointe d’espoir transparaît, car enfin dans le livre il est aussi question d’un projet d’évasion. Effectivement, notre groupe d’hommes souhaite s’enfuir de leur prison, lieu de mort et d’abandon. Cependant, rien ne va se passer comme escompté, car de l’autre côté des murs une autre révolution gronde, celle d’un peuple qui veut se débarrasser de son dictateur Nicolae Ceausescu, un homme qui est marié à une femme très intelligente puisqu’elle possédait plusieurs doctorats.

Les endroits les plus sensibles sont, chez les hommes, les organes génitaux (…). L’état de cette partie du corps détermine tacitement le statut du patient au sein de la colonie. J’ai eu la chance rare que ma virilité repousse les « avances » du bacille de Gerhard Armauer Jansen. Et comme avant de tomber malade j’étais plutôt bien membré, votre narrateur a bénéficié, peu de temps après son arrivée, du statut de chef, quoi que cela puisse signifier en ce lieu.

La première chose que j’ai eu envie de savoir en finissant ce livre, c’est si cette léproserie roumaine, dernière en Europe, a bien existé. Alors ? Effectivement, le lieu n’a pas été inventé par l’auteur. Aussi, il faut dire qu’en sachant cela, le roman prend une autre dimension même si cela ne change rien à la qualité de ce roman, mais aussi de l’écriture de l’écrivain. En effet, cette dernière est très intense, mais également très précise. J’ai beaucoup aimé ce roman d’ambiance morose, c’est un livre très sombre, très noir, malgré que l’écrivain monténégrin laisse échapper ici et là, en de très rares occasions, une petite pointe d’humour noir qui n’allège cependant en rien l’histoire ou bien le propos. L’ambiance est morose même si l’espoir transparaît, non pas celle d’une vie meilleure, mais de la réussite d’une évasion. Aussi, on se demande ou peut bien mener cette dernière. À quoi bon fuir ? En définitive, la fin n’est pas heureuse, elle est simplement en adéquation avec le reste du roman. « Les enfants de Hansen », de Ognjen Spahic, est un très bon roman.

J’ai rédigé cette critique dans le cadre du « mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran ».

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Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.

18 réflexions sur “Les enfants de Hansen, de Ognjen Spahic

  1. Très bon roman mais pas très attirant, je suis désolée mais me plonger dans une lèproserie communiste alors sue cette maladie était totalement vaincue ailleurs, cela ne me donne pas très envie. Désolée .

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  2. Encore un titre qui me tente !! J’en ai notés tellement qu’il me faudra bien 5 Mois de l’Europe de l’Est pour les lire… ou alors il faudrait une année de l’Europe de l’Est !! Tu me diras que rien ne m’empêche d’en lire en-dehors du mois de mars, et tu auras raison…

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  3. Oui, c’est ce que je me demandais en lisant cet article : est-ce vrai ? une léproserie en Europe ? comment est-ce encore possible ! Je viens de terminer le Bûcher de l’auteur hongrois Dragoman mais qui se passe en Roumanie à la même époque, juste après la chute du dictateur. A part « Le parapluie de Saint Pierre », les blogueuses ci-dessus ont raison, la littérature des pays de l’Est, c’est plutôt noir … mais de qualité !

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