Le Compagnon de Voyage, de Gyula Krúdy

Le Compagnon de Voyage, de Gyula Krúdy (La Baconniere) — ISBN-13 : 9782940431854 — 120 pages — 10 € — Genre : L’innocence du monde.

compagnon

Comme vous le savez probablement déjà, j’aime la collection Ibolya Virág des éditions La Boconnière. Aussi, lorsque j’ai vu qu’un nouveau titre venait de paraître dans celle-ci, je n’ai pas pu résister. D’autant plus que je n’ai jamais été déçu avec l’auteur hongrois Gyula Krúdy.

L’histoire du livre débute dans un train. Ainsi, le narrateur rencontre un homme, un illustre inconnu qui va se confier, le temps d’un voyage, à celui qui est son compagnon de route. D’ailleurs, ce livre démontre, s’il le fallait encore, qu’il est plus facile de raconter sa vie à un étranger qu’à un ami. Toujours est-il que du narrateur, on ne sait rien, on sait juste qu’il nous dévoile sans ambages ce qui lui a été confié sans pudeur. Et qu’apprend-on ? On apprend qu’un homme d’environ quarante ans fuit un danger dont on ne sait pas grand-chose, car l’important n’est pas là. Non ! Aussi, l’inconnu se réfugie dans une petite ville de la Haute-Hongrie, il trouve une location dans un bien qui appartient à une famille bourgeoise. L’homme est reçu par la maîtresse de maison, une femme belle et stricte en apparence, grande soeur d’une jeune femme (désormais veuve) qui a trompé son mari. Il faut savoir que l’inconnu du train est un invétéré coureur de jupons. Par conséquent, une fois installé dans son nouveau petit nid douillet, l’homme à femmes reprend son activité préférée, à savoir mettre dans son lit celle qui ne l’a toujours pas été. Il va y avoir du sport, mais aussi de la casse… Effectivement, un jour notre téméraire inconnu va rencontrer la jeune Eszténa. À partir de là, plus rien ne sera pas pareil pour notre dragueur professionnel, car il sera pris de passions et d’un amour véritable… Cependant, « Le Compagnon de Voyage », de Gyula Krúdy, n’est pas seulement une simple histoire d’amour entre un homme blasé et une petite jeunette. Et fort heureusement, car sinon j’aurais été déçu. Ainsi, l’auteur hongrois profite de son histoire afin de nous dresser le portrait d’une société hypocrite, mais aussi celui de la condition féminine dans un village de province de la Hongroise d’alors à travers le vécu de plusieurs personnes. En effet, l’histoire d’amour sert de prétexte (si je puis m’exprimer ainsi) pour le reste : la description d’une société.

Je suis comme ensorcelée, mes prières ne m’apportent plus la paix. Je ne vous fais pas de reproches, vous avez agi comme la plupart des hommes vis-à-vis d’une femme égarée, possédée par le Malin. Mais j’ai repris mes esprits. C’en est fini de cette terrible épreuve que Dieu m’a infligée parce qu’une fois je me suis rendue coupable envers une femme qui avait agi comme moi. Le diable m’a poussé, il m’a chuchoté a l’oreille : « essaie donc, toi aussi ». Pourtant j’avais sévèrement jugé ma pauvre petite sœur qui avait commis la même faute.

C’est, il me semble, le cinquième roman que je lis de l’auteur hongrois Gyula Krúdy et je n’ai jamais été déçu… J’aime le style de l’écrivain, car il parvient toujours à mettre en place une ambiance mélancolique dans ses livres. De plus, la plume très délicate de Gyula Krúdy sert bien souvent à décrire la société qui l’entoure à l’aide de petits détails, mais pas seulement… Et à quoi ressemble le monde selon l’écrivain du roman que je chronique ? Il n’est pas très beau à voir, sans grand espoir. Vous l’aurez compris, les romans de Gyula Krúdy sont assez réalistes. D’ailleurs, j’ai l’impression que toute l’œuvre de l’auteur hongrois est marquée par une certaine forme de cynisme, ou plutôt devrais-je dire d’amertume, ou bien de cruauté. Je parle bien entendu de la cruauté des sentiments, de la cruauté de la vie… « Le Compagnon de Voyage », de Gyula Krúdy, est un roman dense qui débute avec douceur et légèreté pour finir dans l’amertume.

Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.

20 réflexions sur “Le Compagnon de Voyage, de Gyula Krúdy

  1. J’en pense que je rejoins ton avis sur Krúdy et fais partie des inconditionnelles de son œuvre (je n’en suis qu’à la troisième lecture, mais il y a des évidences qui n’attendent pas le nombre de livres). J’aime son amertume, son regard sur le monde, le détachement de ses personnages et leur légèreté envers le monde.
    Bon début d’année

    Aimé par 1 personne

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